Par une décision validée le 26 janvier 2023, les élus de la Communauté d’Agglomération Fécamp Caux ont donné leur feu vert à la vente du site L’Épinay au groupe Mercier-Lhotellier. Des habitants de ce quartier s’inquiètent du projet d’installation d’un site de concassage.
Compte rendu de la rencontre avec le couple Verdonck
sur le projet Mercier à Epinay
Les protagonistes :
Les Ballastières Mercier, appartenant au groupe Lhotellier et dirigée par Monsieur Lemesle est spécialisée dans le traitement des dragues de mer qui sont rapportées sur le port de Fécamp. Il traite environ 120 000 tonnes de granulats marins par an sur 3 ha en face Point P. L’entreprise lave les sables de mer (pour les rendre maçonnables), calibre les galets et fabrique du béton dans une centrale à béton.
Le site actuel est répertorié sur la base de données BASIAS des sites pollués ou susceptibles de l’être (source PLUI, tome E Risques et nuisances).
L’entreprise Mercier a acheté à la SNCF une emprise de 6000 m² jouxtant son terrain actuel séparé par la petite rivière Goyer.
Sur ce terrain est érigé un bâtiment, typique SNCF. M. Lemesle a racheté à titre personnel 40.000 € ce terrain de 6000 m² (soit 6,6 Euros/m2) et a transformé le bâtiment en maison d’habitation.
La mairie de Fécamp aimerait agrémenter l’entrée de ville en créant un parc à la place de cette entreprise. Elle propose à l’entreprise de déménager dans le hameau de l’Épinay (entrée de ville de Fécamp sur la RD 150, en fond de la vallée de la Valmont) sur une friche industrielle de 3 ha, comportant un bâtiment amianté et quatre tunnels de stockage.
L’agglo Caux littoral est propriétaire de la friche Epinay, achetée 1,2 million d’euros en 2003, elle y a installé un hôtel d’entreprises. Celui-ci n’a plus le droit de fonctionner depuis 2010 (incendie et vétusté). L’agglo a tenté de le revendre, mais sans succès à cause de l’état de vétusté et application du Plan de Prévention des risques d’inondations (PPRI) touchant ce secteur.
Lors de l’assemblée communautaire du 26 janvier 2023, l’agglo décide à l’unanimité de vendre cette friche à l’entreprise Mercier à hauteur de 120 000 €, arguant que ce transfert « permet de pérenniser l’activité sur le territoire et les emplois associés » (alors qu’il n’est pas question pour l’entreprise de quitter le territoire ou de licencier) et que par ailleurs, l’accroissement de l’activité de l’entreprise du à ce transfert sera peu significatif. Il est précisé que « les frais de désamiantage, de retrait du plomb et de curage des bâtiments sont à la charge de l’Acquéreur ».
Les services des Domaines expliquent dans une note que cette friche vaut environ 900.000 € au prix du marché, auquel il faut enlever un certain nombre de frais auxquels l’entreprise Mercier aura à faire face pour remettre en état la friche. Autrement dit, la collectivité publique prend en charge financièrement les travaux de remise en état (en pratiquant une baisse très significative du prix de cession) en laissant à l’entreprise le soin de réaliser les travaux.

Les opposants :
Des habitant-es du hameau de l’Epinay qui craignent pour l’équilibre du fond de vallée avec cette entreprise de granulat. 2 groupes actifs qui ont porté recours au tribunal administratif pour faire annuler la vente (affaire en cours) Le syndicat de la pêche ne bouge pas,
L’association des riverains de la rivière ne bouge pas.
Plusieurs problèmes soulevés par ce projet :
- Problème de double financement
l’entreprise Mercier a sollicité une subvention régionale dans le cadre « du fond friche » il a reçu une réponse positive de
455 220 € en juillet 2022 pour la remise en état de la friche
l’Epinay. Ainsi, cette subvention s’ajoute à la part prise en charge par la collectivité Agglo environ 780.000 euros (900 KE prix de marché -prix de cession 120 KE).
L’ensemble des partenaires publics sont-ils au courant de ce montage financier (Agglo, Conseil Régional, Etat) ? - Problèmes liés à la biodiversité
La vallée accueille la trame verte (voir le PLUI), plus de 40 espèces d’oiseaux ayant été recensés (dont des migrateurs). D’autres espèces vivent et circulent sur cet espace.
Rupture de la trame noire : aujourd’hui l’entreprise est éclairée jour et nuit. - Problèmes liés au risque d’inondation
Ce risque est présenté dans le PLUI de l’Agglo (page 70 et 71 du tome présentant l’état initial de l’environnement) en s’appuyant sur 2 risques : aléa remontée de nappes et aléa
débordement de cours d’eau de plus de 1 m. - Problèmes liés la protection de l’eau de rivière
Les eaux de lavage du sable de mer sont chargées en sel (eaux saumâtres). L’entreprise présente des systèmes de lavages en circuits fermés, qu’en sera-t-il de la concentration finale
en sel de ces eaux et de ses risques de débordements dans la rivière ? - Problèmes de sécurité
La circulation des camions pour l’approvisionnement en matière première et le départ des produits fabriqués, sur une route sinueuse, sans trottoir, en fond de vallée. - Problème de voisinage
L’activité autour du granulat provoque de la poussière liée à la manipulations des granulats et du bruit avec la centrale à béton fonctionne toute la journée et les camions.
Remerciements à Anne Guérrant et Christel Ledun pour ce compte rendu.