La domination du capitalisme ne se déroule pas uniquement dans l’entreprise mais dans l’ensemble de la société. La consommation de masse, la publicité, les médias sont de puissants auxiliaires au
consentement à l’ordre établi qui se fait aujourd’hui principalement sur le terrain idéologique pour faire que chacun soit un consommateur culturel sous hypnose médiatique.
Alors que les arts et la culture devrait être au cœur du projet politique dans la continuité du projet des lumières*, c’est à dire un projet citoyen d’émancipation culturelle et politique porteur d’utopie et d’espérance.
L’art révèle la pluralité de notre humanité et nous transforme.
La reconstruction d’une conscience de classe et la constitution d’espaces publics critiques sont des références et des cadres indispensables au retour de la démocratie politique qui doit garantir la réappropriation des biens communs de l’humanité et en l’occurrence des arts.
Plus la société capitaliste est brutale, plus la politique clive dans des débats contradictoires, avec des orientations difficiles à trancher.
Plus l’ensemble social se fragmente, se précarise, se délite et plus
les moyens de diffusion et d’expansion du discours culturel s’étalent comme une pommade qui serait là pour rassurer et rassembler, pour soigner tous les coups d’un monde non consensuel.
En boucle, les médias et publicités diffusent un discours ‘culturel’ intégrateur et consensuel avec des sésames magiques appelés « lien social », « vivre ensemble », « multiculturalisme ». Ainsi, nous
appartiendrions à un même village mondial où les références signalétiques seraient partout les mêmes, dans toutes les publicités, les séries, la word music, les arts visuels modélisés, dans toutes
les villes, dans tous les foyers, dans tous les aéroports.
On vit une époque formidable ! Le système capitaliste, historiquement basé sur l’esclavage et la ségrégation d’une partie de l’humanité, vante maintenant la diversité et la tolérance.
Pas de contrôle au faciès, pas d’entrave à la liberté de circulation et d’installation pour les artistes cosmopolites ‘bankables’ qui alimente le tiroir caisse de « l’Entertainment », la culture divertissement.
Ce « milkshake » culturel sous son apparence esthétique et « démocratique » est en réalité un discours décérébrant. Il cache et légitime la nouvelle servitude des galeries marchandes, la camelote
répétitive de la standardisation, l’asservissement des imaginaires et l’arasement de la singularité des expressions culturelles.
L’imaginaire se transmute en imageries, quand la culture en est réduite à une question de comportements, de modes de vie et par conséquent de modes de consommation.
Grâce aux nouveaux outils technologiques et aux immenses possibilités de diffusion, l’humanité pourrait se réapproprier la conception émancipatrice des Lumières. Les arts et la culture comme
environnement symbolique des créations humaines.
Au lieu de cela, toute la subversion des contenus et des formes de ces créations est gommée, anémiée et moulinée dans la « cool-attitude » et le culturellement correct. Nous assistons à une
véritable marchandisation d’objets culturels qui relève de la communication.
Jean-Christophe Sellin « Le capitalisme contre les arts et la culture ».
Proposé par Stéphane Talbot
*Le 18ème siècle fut marqué par des idées nouvelles et principalement un désir de liberté.
Les philosophes, Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu critiquaient la monarchie absolu de droit divin et les privilèges excessifs des nobles et du clergé.
Ils voulurent étudier le monde concret et l’examiner à la lumière de la raison. Le maître mot de ces philosophes était « l’entendement », qui désigne la faculté de connaissance de l’homme.
Ce rationalisme les conduisis à développer une pensée laïque.
Ils réclamèrent, la liberté individuelle, l’égalité des droits, la liberté de pensée et de croyance.
La pensée des Lumières se diffuse par des livres dont le plus important est l’Encyclopédie.
Suite semaine prochaine: Le capitalisme contre les arts et la culture – 2ère partie