Souvenir de campagne, la métaphore du bus !

C’est l’histoire d’un bus avec dedans plein de gens qui vont en pique-nique à la plage. Les gens, ils ont décidé tous ensemble de l’endroit où ils voulaient aller, ils ont décidé tous ensemble de l’itinéraire et même pour être plus sûrs, ils ont signé tous ensemble une charte.
 
Le chauffeur, il s’appelle Patrick. C’est pas un perdreau de l’année, il le dit lui même, mais ça fait des lustres et des lustres qu’il conduit des bus, et il connaît par cœur les rues de la ville, alors les passagers du bus lui font confiance, et puis de toute façon y a la charte…
 
Tout le monde est bien installé, il fait beau et y en a plusieurs qui chantent en chœur Bella Ciao. On passe par des rues pleines de lumière, là où il y a des coquelicots qui poussent partout, c’est tellement joli… Ça se passe bien, on a hâte d’arriver pour boire un coup et manger le pique-nique au soleil.
 
Et tout d’un coup, le bus tourne à droite. Y a quelqu’un dans le bus qui dit : « Eh, Patrick, tu te goures, c’est pas la trajectoire… » Patrick ne répond pas, il continue. Quelqu’un d’autre dit : « Patrick, reprends l’itinéraire, par là on va jamais arriver au pique-nique, tu ne vas pas du tout, mais pas du tout vers la plage ! »
 
Ca commence à grogner dans le bus. Ceux qui chantaient Bella Ciao, ils grognent encore plus fort que les autres, ça se voit et ça s’entend qu’ils sont pas contents. « Et la charte, Patrick ? C’est pas par là qu’on a décidé d’aller ! Eh, les gars, les filles, non, c’est pas par là, Patrick, reprends la trajectoire !»
 
Et là, il y a un grand mec qui se lève, je ne sais plus trop son nom, Jacques, peut-être bien, et il pousse tous les gens qui râlent au fond du bus, et avec son grand corps il fait un rempart dans l’allée centrale et même il dit « vas-y, Patrick, je contrôle ». On n’entend plus rien dans le bus, ni paroles, ni rires, ni chansons. Patrick tourne encore à droite sans s’occuper de la charte, sans s’occuper des passagers qui n’osent plus rien dire et sans s’occuper des gens qui voudraient bien dire quelque chose mais qui sont coincés tout au fond.
 
Sylvie, elle veut pas monter dans un bus comme ça. Elle rejoindra un comité, et elle ira sur le parcours du bus. Elle agitera son petit drapeau, avec tous les autres, au carrefour, et le comité empêchera le bus de quitter l’itinéraire prévu. Le bus arrivera à la plage, et le comité, avec ses drapeaux, rejoindra le pique-nique à pied, à vélo, ou en trottinette.
 
Et là, on pourra tous chanter Bella Ciao…