« Nous avons vécu une de ces journées où le temps semble long comme pour nous permettre de bien mesurer l’ampleur de la tragédie qui se noue.
La macronie a franchi le Rubicon : les députés d’Emmanuel Macron, le président élu pour faire barrage à l’extrême droite, ont cordialement noué un pacte avec les députés de l’extrême droite et les députés restants des républicains. Ces 3 groupes sont désormais liés. Il n’y aura pas de retour en arrière pour eux.
Les donneurs de leçon, arrogants et méprisants, ont choisi leurs alliances et nous allons donc assister à la fin de la macronie qui lentement mais sûrement dérive vers la collaboration avec les amis de l’OAS, les racistes, les fascisants.
Tour cela s’est passé sous nos yeux de députés de la NUPES : tous atterrés mais pas surpris. Nous étions au milieu d’eux, mêlés par ordre alphabétique, tentant d’en retenir quelques-uns.
J’ai moi-même essayé :
« Vraiment ? Vous comptez mettre un bulletin avec le nom d’un député RN dans l’urne ? ». J’ai posé la question à mon voisin issu du groupe Horizons, le parti d’Édouard Philippe. « Sans problème ! », m’a-t-il répondu. J’ai insisté : « ils vous avaleront, vous finirez dévorés, vous aurez la honte et le déshonneur, vous ne pouvez pas ignorer l’histoire, pas ici dans cette assemblée ». « Arrêtez de dramatiser ! Vous votez bien pour les Verts vous ! »… (j’ai lâché l’affaire après cette dernière remarque, réalisant en une fraction de seconde que ce collègue – au demeurant fort sympathique – n’a pas le moindre intérêt pour les idées politiques qu’il appelle « idéologie »).
La macronie est obsédée par l’idée d’isoler la France insoumise et de limiter notre présence dans les instances de l’assemblée. la nouvelle présidente tente de semer la division au sein de la NUPES : ainsi le nom d’une députée communiste se retrouve sur le bulletin de la droite et de l’extrême droite ! Pauvre Soumaya, dont le nom côtoie alors les noms de fascistes. La voilà élue secrétaire de l’AN sur un bulletin malodorant. J’imagine sa gêne, son regret, son envie de dire « non pas mon nom à côté de ceux qui prônent la haine, qui regrettent le temps du système colonial, de la ségrégation, » elle, élue du 93..
Mais voilà, les petits jeux des uns se font sur le dos des autres.
Que retiendra l’histoire de ces petits coups bas ? Rien.
Mais les alliances d’Emmanuel Macron sont désormais ouvertement affichées. Je vous parie que la presse minimisera tout cela, en fera l’une de ces interprétations dégoulinante de condescendance : « il faut savoir composer, comme au Parlement européen, comme chez les italiens, les allemands ! Cela se passe partout en Europe ! ».
Peut-être. Et cela mène partout à la même chose : l’extrême-droite prend le dessus. Le chien va monter sur la table. C’est écrit d’avance. Macron en fera les frais.
Nous, les députés de la NUPES, ferons honneur au mandat qui nous a été confié.
Mais qui, cette journée a duré suffisamment pour prendre la mesure de la décadence de la macronie dont aucun membre n’a résisté un seul instant à l’alliance avec les Le Pen. »
Sophia Chikirou FB 29 juin 2022