Octobre 1789: les femmes marchent sur Versailles

Illustration of a Women's March on Versailles, French Revolution, 5 October 1789

Un petit point historique…
 
« Le 5 et le 6 octobre 1789 les femmes marchent sur Versailles contre la vie chère. Elles ramènent le roi la reine et le dauphin de force à Paris sous contrôle populaire. Faites mieux le 16 octobre. »
Tweet de Jean Luc Mélenchon le 06 octobre 2022.
 
Comme à chaque tweet et chaque prise de parole, des analyses, des tweets-réponse, des avalanches de commentaires, tous plus approximatifs les uns que les autres.
 
Alors faisons un petit point historique. Les faits et juste les faits. L’histoire de la Révolution française ne souffre d’aucune approximation et l’année 1789 ne peut être comprise en isolant les faits les uns des autres.
 
Le 26 août 1789, l’assemblée constituante adopte le texte définitif de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, inspiré de la déclaration d’indépendance américaine de 1776. Ce projet, né au même moment que celui d’élaborer une constitution, s’est heurté aux désaccords des députés, sur la forme et la portée du texte. De vifs débats et de nombreux amendements en font une œuvre collective. Devant inspirer la future constitution, la Déclaration n’est pas une loi mais un symbole des principes révolutionnaires que la France veut donner en exemple au reste du monde. L’assemblée trace aussi, à cette occasion, les grandes lignes de la future constitution.
 
Dès l’adoption de ce texte, la question claire qui se pose est : qui détient l’autorité ?

Le principe de la séparation des pouvoirs est posé, mais reste à établir l’équilibre des responsabilités entre le roi et l’assemblée. Le débat va porter sur deux points : faut-il comme en Angleterre instituer une Chambre haute et une Chambre basse ou sauvegarder l’unicité de la représentation nationale ? Dans quelle mesure le roi peut-il s’opposer à la promulgation d’une loi ?
 
Juste pour le clin d’œil : C’est lors de ces débats et l’habitude d’occuper les mêmes bancs de la salle, que va s’amorcer la partition des forces politiques françaises en droite et gauche.
Au terme des débats, les monarchiens sont défaits et il est décidé que l’autorité de l’assemblée primera.

Mais, à la réduction de ses pouvoirs, Louis XVI oppose l’inertie. Il ne signe pas les textes adoptés depuis le 4 août 1789 et fait venir des troupes à nouveau.
C’est dans ce contexte particulier que s’annoncent les journées d’octobre.

L’opinion manifeste son inquiétude devant le retard apporté par Louis XVI à la ratification des résolutions prises par l’assemblée, l’arrivée de deux régiments à Versailles semble annoncer une réaction et les rumeurs les plus folles continuent à courir, favorisées par la longueur des attentes aux portes des boulangeries. La disette est la cause essentielle de l’agitation des esprits.
Mais c’est la nouvelle d’un banquet offert le 1er octobre à Versailles aux régiments nouvellement arrivés, et où la cocarde tricolore aurait été foulée aux pieds, qui suffit à mettre le feu aux poudres.
 
Initialement, la journée du 5 octobre débute par un rassemblement des femmes sur la place de Grève, devant l’hôtel de ville de Paris, pour interpeller la Commune, notamment sur une disette de pain qui touche la capitale. L’Hôtel de Ville est d’ailleurs envahi jusqu’à l’arrivée de la garde nationale parisienne, menée par La Fayette. Puis un appel est lancé afin de faire part de ces revendications directement auprès du roi et de l’Assemblée constituante. Ainsi, une foule de plusieurs milliers de personnes, très majoritairement composée de femmes, se met en marche vers Versailles. Elles sont suivies par d’autres groupes armés, puis plusieurs heures plus tard, par 15 000 à 20 000 hommes de la milice nationale.
 
Les demandes étaient autant économiques (révolte frumentaire liée à la demande de pain, à laquelle le roi répond favorablement) que politiques : exigences de ratification des décrets relatifs à la Constitution et à la Déclaration des droits, à laquelle le roi se plie dans la soirée ; de remplacement des gardes du corps du roi par la garde nationale ; de port de la cocarde ; et d’installation du roi et de sa famille à Paris.
Lors de cette journée du 5 octobre et de cette longue marche vers Versailles, les sources et documents variés qui nous sont restés ne mentionnent aucun fait de violence.
 
Ce n’est que le lendemain, le 6 octobre, que des émeutiers pénètrent dans le château et massacrent 2 gardes du corps de la reine. Pour apaiser le peuple, et sur les conseils de La Fayette, Louis XVI et Marie-Antoinette acceptent de quitter Versailles et de rentrer à Paris, le jour même. C’est après un trajet de 7 heures au milieu de la foule, que la famille royale arrive au palais des Tuileries.
 
Le rappel historique à cette marche 5 octobre est là pour nous inciter à marcher le 16 octobre prochain. Les mêmes conditions économiques, sociales et même politiques sont réunies : vie chère, pénurie, comportement monarchiste de Macron, pauvreté…
Faites mieux, signifie, soyez nombreux et soyez clairs quant à vos revendications :
 
Marche contre la vie chère et l’inaction climatique
Marche pour le blocage des prix des produits de première nécessité et de l’énergie
Marche pour une agriculture bio et écologique
Marche pour investir dans les énergies renouvelables
Marche pour la hausse des salaires et des minima sociaux
Marche contre la réforme de l’assurance chômage
Marche contre la destruction des services publics pour
Marche pour taxer les super profits
Marche pour la retraite à 60 ans…
 
Jamais nous n’avons appelé à la violence. Nos marches ont toujours été pacifiques et joyeuses. Offrons-nous la joie politique du collectif ! Cette joie subversive et éruptive, qui nous fait désirer un autre monde.
 
La marche du 16 octobre ne doit pas déroger à la règle. Et aucune réinterprétation de l’histoire ne pourra nous priver de cette joie !