Du beau monde à Fécamp pour cette première Marche des Fiertés ❤️🏳️‍🌈✊

Une nouvelle page s’ouvre dans l’histoire de Fécamp :
la première Marche des fiertés !
Elle fut joyeuse, festive et revendicative.

Le dimanche 11 juin 2023 nous étions à peu près 150 personnes à défiler dans les rues de Fécamp avec la participation, entre autres associations et collectifs, du Refuge – Antenne de Rouen pour défendre les droits de la communauté LGBTQIA+ dans nos territoires.


En ouverture, le discours émouvant d’Aurélien Coucke qui rappelle que l’homophobie et la transphobie tuent.

Il rend hommage à toutes celles et tous ceux qui sont morts, et explique l’origine et l’objectif des Marches des Fiertés.

« Le fait que nous soyons ici ensemble, et que je prononce ces paroles, est une tentative de briser le silence, et de construire des ponts entre nos différences, car ce ne sont pas nos différences qui nous immobilisent, c’est le silence. Et tant de silences doivent être brisés ! »

Ces mots d’Audre Lorde *, Noire, lesbienne, féministe, guerrière, poète et mère comme elle souhaitait être présentée, m’étaient si chers à employer pour ce premier discours de notre toute première marche des fiertés à Fécamp.

Dire les choses, l’histoire de nos vies, l’histoire de notre lutte.

C’est avec les mots, dits ou écrits, que nous avons survécu. Survécus malgré nos morts. Et c’est aussi pour ça que nous sommes là. Pour leur rendre hommage. Pour continuer le chemin qu’ils ont initié et nous ont légué. Ce cercueil est un hommage à tous ceux qui ont payé de leurs vies ce simple fait d’aimer.

La marche des fiertés n’est pas née après le 27 juin 1969 à Stonewall inn et ce soulèvement de la communauté LGBT+ contre la répression constante de la police de l’époque. Elle est une pierre qui a fait déborder le vase de notre contestation, de notre ras le bol et de notre colère.

Avant ce soulèvement de nos sœurs et frères, il y a eu tant d’horreurs. La marche des fiertés est née de toute cette histoire.

Nous avons essuyé la condamnation à mort, dont les derniers, Bruno Lenoir et Jean Diot en 1750 qui furent étranglés et brûlés vifs ; les emprisonnements, le fichage, l’hôpital, l’exclusion, l’assimilation aux fléaux sociaux comme la prostitution, le vagabondage ou le banditisme ; les brigades de pédérastie, le crime de sodomie sous l’ancien régime ; l’outrage public à la pudeur ; l’encontre des bonnes mœurs selon la morale sociale, politique et religieuse ; la perversion évidemment ; les mains courantes, les plaintes ; la pathologisation de la médecine, aide précieuse de la police ; les insultes, menaces, encore aujourd’hui ; le funeste paragraphe 175 qui servira de base juridique aux nazis pour nous imposer le triangle Rose, notre étoile jaune à nous et nous faire déporter dans les camps de concentration avec son cortège d’expérimentations pseudo médicales atroces; le harcèlement homophobe, transphobe toujours d’actualité et les coups, toujours, jusqu’à la mort, encore… suicide, assassinat, pendaison, selon le bon vouloir de nos bourreaux qui refusent nos existences et nos amours.

A la terreur, toujours ce silence qui souvent immobilise. Les murs sont longés, les pieds sont regardés, l’excuse d’exister.

Mais face à cela et comme toujours dans l’histoire de l’humanité, il y a aussi le silence qui se brise par les mots que l’on transforme en actes. Car, quand le droit est construit contre le peuple, même contre une infime partie, le droit ne fait pas son travail. Il appelle au refus et à la désobéissance.

C’est ainsi que beaucoup de nos sœurs et frères se sont saisis du refus de ces règles, de ces lois injustes et meurtrières régies par une morale infondée.

Tout au long de l’histoire de l’humanité, ils ont continué à s’aimer, à être qui ils étaient, tout en se muant en communauté, en créant les premières associations, les premières revues, les premiers groupes, collectifs, mouvements, fédérations, les essais, romans, musiques, films, peinture, documentaires, photographies, sculptures ont vu le jour et se sont élevés, car ils savaient ou ressentaient que c’était en brisant le silence que l’on avancerait dans nos droits. Ils ont réuni autour de leur cause, des amis réformateurs eux aussi, hétérosexuels, pour permettre aux droits LGBTQIA+ d’exister et d’évoluer.

Tous n’avaient qu’une seule envie : l’amélioration de la condition humaine, du progrès des lois. Ce qui est la définition même du mot « réforme ». Et non l’appauvrissement, la dégradation, la souffrance du peuple.

C’est ainsi qu’au fur et à mesure des luttes que les droits LGBTQIA+ se sont améliorés et ont été reconnus et il est bon de rappeler ces droits :

1791, la révolution française retire la notion de « crime de sodomie » du code pénal, jusqu’en 1942 et depuis 1982 la majorité sexuelle égale à ceux des hétérosexuels, 1981 : la dépénalisation de l’homosexualité, 1992 : la dépathologisation de l’homosexualité, 1999 : le PACS et la reconnaissance des couples de même sexe en concubinage et comme partenariat enregistré, 2008 : l’adoption à titre individuel par les personnes homosexuelles, reconnaissance des couples de même sexe relativement aux règles d’immigration, 2010 : la transidentité retirée de la liste des maladies mentales, 2013 : le mariage pour tous et l’adoption ouverte aux couples de même sexe, l’adoption des enfants du conjoint, 2016 : le droit de changer de sexe dans l’état civil (sans chirurgie ni stérilisation)

2021 : le couple de même sexe comme parents sur l’acte de naissance dès la naissance et l’accès égal à la PMA hétérologue pour toutes les femmes.

Dans ces nouveaux droits, il y a eu aussi un renforcement de la protection contre les discriminations.

1985, Loi contre la discrimination à l’embauche, Loi contre la discrimination dans l’accès aux biens et services, 2004 : Lois contre la discrimination homophobe dans les autres domaines (y compris les insultes homophobes), 2012 : Lois contre la discrimination transphobe, 2017 : Lois contre les propos injurieux et diffamatoires à raison de l’identité de genre, car on ne cessera jamais de le dire mais l’homophobie, la transphobie ne sont pas une liberté d’expression mais un délit punit par la loi ( ainsi qu’une marque de bêtise profonde), Enfin 2022 : Loi interdisant les thérapies de conversion et l’autorisation du don de sang par des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes.

Ces droits durement arrachés ne sont pas gravés dans le granit de notre république et de notre constitution. Les droits sont comme un château de sable devant un océan de tempête, ils peuvent disparaître avec des vents mauvais.

Protégeons-les.
Célébrons notre histoire, ces femmes, ces hommes.
Dansons, chantons et soyons fiers, pour eux
. »

Aurélien Coucke


Quelques images de cette sublime première:


quelques liens utiles:


👉En savoir plus sur Audre Lordre *
Poète noire, féministe, lesbienne, mère, guerrière, Audre Lorde n’a cessé de combattre, dans sa vie, et à travers ses textes, le racisme, le sexisme, l’homophobie et toutes formes d’injustices sociales.
Source : Radio France