JO 2024 Vidéo surveillance algorithmique

Marie-Agnès Poussier-Winsback vote pour la vidéosurveillance algorithmique, un outil de surveillance totale

La novlangue, concept créé par George Orwell dans son roman 1984, est passée dans l’usage courant pour désigner un langage destiné
à dénaturer la réalité. Personne n’est dupe et chacun sait par exemple que derrière « PSE, plan de sauvegarde de l’emploi » se cache une charrette de licenciements.

N’échappant pas à la novlangue, la vidéo surveillance qui renvoie à la « société de surveillance » et sous-entend un système dangereux pour le respect de la vie privée, a laissé la place en 2008 à la vidéoprotection. On peut y voir un choix qui confine au marketing pour mieux vendre une technologie qui se développe partout sur le territoire national.

Localement, en 2020 la ville de Fécamp a ouvert la voie avec sa trentaine de caméras. C’était une promesse de campagne de la candidate Marie-Agnès Poussier-Winsback. Depuis, quelques communes de l’Agglomération ont également fait le choix d’investir dans ce système plus couteux qu’efficace (St-Pierre-en-Port, Maniquerville…).

Inefficace la vidéosurveillance ? La Cour des comptes enfonce le clou dans son rapport consacré aux polices municipales publié le 20 octobre 2020 (1) . Elle va jusqu’à affirmer « qu’au vu des constats locaux résultant de l’analyse de l’échantillon de la présente enquête, aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation. »
Mais en matière de surveillance de la population, une étape a été franchie le 23 mars 2023. Les députés, avec la voix de Marie-Agnès Poussier-Winsback ont autorisé la vidéosurveillance algorithmique (VSA) avant, pendant et après les JO de 2024.

La mise en œuvre de cette technique ne concernera cependant pas que les Jeux : elle s’appliquera aux « manifestations sportives, récréatives ou culturelles » en général. La VSA n’est pas un simple logiciel : elle analyse des milliers d’heures de vidéos pour catégoriser les comportements suivant ce que les autorités auront qualifié de
« suspect » ou « anormal » pour l’appliquer en temps réel sur les caméras de surveillance.

D’après la Quadrature du Net (2) « La VSA pose trois menaces pour la sécurité de la population : elle met en danger les populations qui sont déjà les plus vulnérables, elle favorise structurellement les comportements violents de la police contre la population, elle offre au pouvoir exécutif une puissance telle qu’aucun contre-pouvoir ne pourra en empêcher les abus ».

Avec cette loi, la France est le premier État membre de l’Union européenne à légaliser et autoriser la surveillance biométrique,
à l’opposé d’autres positions au sein de l’UE. La décision de la France nuit au travail de l’UE en vue de règlementer l’intelligence artificielle, travail en cours qui envisage même son interdiction formelle.
La France confirme sa place de cheffe de file de la surveillance en Europe, s’éloignant toujours plus des idéaux de respect des droits fondamentaux et se rapprochant de la culture de la surveillance d’autres pays plus autoritaires. Les pays qui ont profité d’évènements sportifs pour tester et rendre acceptables des technologies de surveillance sont la Russie, la Chine et le Qatar (3) .


1 Rapport de la Cour des comptes sur « Les polices municipales » : https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-polices-municipales
2 La Quadrature du Net : Pourquoi s’opposer à la vidéosurveillance algorithmique ?
https://www.laquadrature.net/2022/04/01/pourquoi-sopposer-a-la-videosurveillance-algorithmique/
3 Source : La Quadrature du Net https://www.laquadrature.net/2022/03/23/quest-ce-que-la-videosurveillance-algorithmique/