L’insoumission 8 mars 2023
Article du groupe thématique égalité Femmes Hommes.
24 novembre : la constitutionnalisation du droit à l’IVG, grande victoire de la FI à l’Assemblée
Une fois le processus législatif bouclé, la France deviendrait alors le premier pays à adopter cette disposition dans sa constitution. Ainsi, notre pays des lumières éclaire l’espoir de milliers de personnes à travers le monde se battant pour acquérir et protéger ce droit. C’est possible !
8 mars : de nombreuses associations demandent 2 milliards d’euros pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles
Faisons mieux ! Au lendemain de cette victoire, en ce 8 mars 2023, journée internationale des droits des femmes, et dans la lancée de ce progrès pour lutter contre les violences, nous demandons au gouvernement un geste fort: débloquer 2 milliards d’euros pour la lutte contre les violences sexistes et sexuelles.
Une demande formulée par de nombreuses associations, réitérée le 20 novembre dernier lors de la manifestation à l’initiative du mouvement Nous Toutes, et à laquelle nous avons appelé aux côtés d’une centaine d’organisations et de syndicats.
Priorité du gouvernement ? +20% de féminicides en un an
Si depuis le premier mandat d’Emmanuel Macron, en 2017, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles est affichée comme une priorité du gouvernement, qu’en est il réellement? Après sa réélection en 2022, le président de la République a formulé cette promesse, mais les mesures mises en place restent largement insuffisantes, et les chiffres nous le prouvent.
Le nombre de féminicides d’abord. En 2021, le ministère de l’intérieur en dénombre 143, soit une hausse de 20% par rapport à l’année précédente. Ce recul désastreux est le résultat sans appel d’une politique et de moyens insuffisants sur le terrain des violences sexistes et sexuelles. Un drame lorsque l’on sait que, d’après une enquête de Nous Toutes, 65 % des victimes de féminicides avaient saisi les forces de l’ordre ou la justice.
2 milliards pour l’éducation de notre jeunesse
Pour que ces phénomènes de violences disparaissent, l’éducation, dès le plus jeune âge, doit être une priorité. Si la loi de 2001 prévoit d’octroyer 3 cours d’éducation sexuelle par niveau et par an de l’école au lycée, il n’en est rien dans la réalité. Une enquête menée par le mouvement Nous Toutes sur près de 10 000 personnes avait pu dévoiler le fossé entre la théorie et la pratique. Les répondants n’avait, en moyenne, suivi que 2,7 séances d’éducation sexuelle contre les 21 normalement prévues sur l’ensemble de la scolarité.
Le résultat d’un manque de moyens, et de personnel formé, dont pâtissent en première ligne les futures générations. D’une part, les étudiants ne sont pas formés à déceler ce qui constitue une violence, d’autre part les jeunes victimes ne sont pas armées face aux violences qu’elles rencontrent. Nous demandons 2 milliards pour que cela cesse.
2 milliards pour former notre police
L’éducation n’étant pas au rendez-vous, victimes il y aura. Une fois la violence subie, elles font appel à la police. Une nouvelle fois, la réalité ne tient pas ses promesses. Là encore, Nous Toutes a mené une enquête, sous le nom Prends Ma Plainte. Résultat ? En 2021, près de 46% des plaignant.e.s rapportent une mauvaise prise en charge. Pour cause, sous l’autorité de l’ex ministre de l’intérieur Christophe Castaner, la formation initiale des policiers est passée de 12 à seulement 8 mois. Ainsi, selon plusieurs syndicats, les formations sur les violences sexistes et sexuelles en pâtissent au premier plan.
Ce manque de formation débouche évidemment sur un manque de connaissances de ces problématiques. Or, aujourd’hui encore, les agents sont tenus de prendre une plainte uniquement s’ils estiment qu’il y a bien eu une infraction. En résulte de nombreuses victimes témoignant d’un refus de la prise de la plainte. Par ailleurs, le nombre de fonctionnaires de police reste largement insuffisant face à la multiplication des plaintes, et sur les 663 services de police dénombrés en 2021, seuls 191 disposent de brigades de protection de la famille qui gèrent également les violences. Avec ces conditions, les chiffres affligeants se multiplient. Seules 5 à 10% des victimes portent plainte, à peine 40% des auteurs de viols sont poursuivis, et 2/3 des affaires sont classées sans suite. Nous demandons 2 milliards pour que cela cesse.
2 milliards pour la justice
Le corps judiciaire est sous l’eau et dénonce régulièrement ses conditions de travail intenables. Des conditions qui ont des conséquences directes sur la prise en charge de victimes de violences sexistes et sexuelles. Ainsi, d’après NousToutes toujours, 90 % des plaintes pour harcèlement sexuel au travail sont classées sans suite et seulement 0,6 % des viols sont condamnés en France. Comment en arrive-t-on là ? Par manque de moyens, une fois de plus.
Par ailleurs, au-delà des statistiques pouvant dissuader les victimes de porter plainte, et des délais de prise en charge interminables, demander justice n’est pas gratuit. Frais d’avocat, d’expertises d’huissier et frais de prise en charge psychologique s’accumulent, avec de faibles chances d’obtenir justice. Pire, prendre la parole peut se retourner contre elles, et les victimes peuvent alors se retrouver à payer entre 1.500 et 3.000 euros pour “plainte abusive”. Nous demandons 2 milliards pour que cela cesse.
2 milliards pour l’urgence sociale
Durant ces longs mois de démarches judiciaires, les victimes de violences doivent normalement être accompagnées, mais encore une fois le manque de moyens est criant et celles-ci se retrouvent alors souvent seules. Pire, ces moyens n’ont eu de cesse de diminuer. Entre 2013 et 2018, le nombre d’assistants maternels, de garde à domicile et d’assistants familiaux a diminué de 12% selon la DREES. Autant de coupes qui se répercutent sur la prévention des violences, la possibilité de consacrer du temps aux démarches nécessaires à la dénonciation des faits, et à l’accompagnement des personnes.
A cela s’ajoute la faible part des représentants de l’aide médico-psychologique. Le même rapport de la DREES rapporte qu’ils ne sont que 60.000 sur les 1.3 millions de travailleurs sociaux du pays. La place accordée à l’accompagnement psychologique n’est clairement pas à la hauteur des enjeux.
Les travailleurs sociaux sont dans 9 cas sur 10 des travailleuses. Comme pour de nombreux métiers féminisés, ce sont des salariés précarisés. D’après le rapport de la DREES, 43% exercent à temps partiel, et dans la moitié des cas celui-ci est subi. De plus, 16% des travailleurs sociaux sont en situation de sous-emploi, contre 5% des autres salariés du pays. Il s’agit là d’une violence par la précarisation d’un métier essentiellement féminin, d’une violence donc sexiste, et qui doit cesser en France. Nous demandons 2 milliards pour que cela cesse.
Pour qu’en France, les violences sexistes et sexuelles cessent, dans toutes les formes que celles-ci peuvent prendre, nous demandons 2 milliards.
L’équipe du GT égalité Femmes Hommes FI