Mythes de Manifs ✊

B.Carrez

Un nombre croissant de personnes comprennent que les politiques libérales nuisent au collectif. Les exemples de violences de la précarité choisie par le gouvernement sont légions et cette nouvelle réforme des retraites en est un superbe appareil.

Pourtant, ils et elles sont nombreux.ses, nos proches, collègues ou ami.es, qui en dépit de ce constat, n’envisagent pas une seconde de battre le pavé pour la justice sociale.

Harassé.es par la doxa libérale prompte au défaitisme et à l’idée qu’en définitive :
« manifester c’est bien joli, mais ça alimente davantage un folklore militant que le progrès social. »

Pour ces personnes, très sympathiques au demeurant (du moins je l’espère), j’ai voulu rédiger une liste de réponses aux mythes que des années de matraquage antisocial ont installés. C’est un format court et percutant qui j’espère vous aidera à dissiper certains doutes puisque l’une des plus grandes barrières du progrès social est à mon sens psychologique.
Comme disait la Boétie : « soyez résolu de ne servir plus, et vous voilà libres. »

Les manifs ça sert à rien
Faire du nombre dans la rue sert à légitimer une opposition, donner du poids aux actions des grévistes, aux oppositions à l ‘assemblée… Pour que des travailleuses et des travailleurs acceptent de sacrifier des journées de salaire, il faut une lutte qui donne espoir de l’emporter, le nombre sert aussi à ça. On a jamais tout résolu en une manif, mais on a jamais avancé sans. C’est pas magique et c’est pour ça qu’on cherche à ce que ce soit agréable pour les gens qui en font.

Manifester seul.e quand on ne connaît pas d’orga ou de personnes qui militent ?
C’est tout à fait possible ! Il y a pleins d’orgas/assos politiques qui n’attendent qu’un message sur les réseaux sociaux pour t’accueillir le temps d’une manif : Action Populaire de la FI sert justement à ça, mais n’importe quel groupe Facebook, Instagram, twitter peut aussi te guider pour ta première manif.

Les manifs c’est risqué
Ca dépend des manifestations, et c’est toujours très localisé : en cortège de tête, les syndicats ont toujours des services d’ordre qui assurent des manifs tranquilles. Les gens qui manifestent savent en général quand une manifestation est « à risques » et sauront te conseiller à l’approche d’une date

Le mythe de la « militante ou du militant »
Une militante ou un militant n’est pas une personne à part, c’est avant tout monsieur ou madame tout le monde qui se reconnaît la légitimité de demander de la justice dans un monde qui n’est pas juste, c’est universel et tu n’es pas obligé.e de porter cette étiquette.

Exprimer son désaccord à la cafet c’est déjà militer à son échelle, partager des stories, s’exprimer, c’est exprimer un point de vue politique qu’on le veuille ou non. Il est tout à fait possible de rentrer dans une manifestation sans tout savoir ou tout comprendre, c’est justement en se mobilisant qu’on en apprend le plus et la plupart des militantes et des militants ont commencé sans bagage politique important.

Je ne veux pas être encarté.e
Pas de problème, on ne te forcera jamais à porter des couleurs. Syndicats, associations, partis, mouvements… Si c’est autant diversifié côté opposants c’est justement parce qu’on ne pense pas tous pareil et c’est tant mieux. Tu trouveras toujours dans les manifs des espaces de gens sans couleur politique qui veulent juste montrer leur désaccord et c’est l’essentiel pour démarrer !

Je ne peux pas manifester dans la rue
S’opposer ne se limite pas aux manifs, partager sur les réseaux, discuter avec ses ami.es, ça permet de voir qu’on est pas seul.e à trouver que les choses vont mal. Si tu as les moyens, un don aux caisses de grèves permet de libérer celles et ceux qui sont limités par leurs finances. Même 5 euros ça aide, un kebab contre l’espoir de jours meilleurs, ça se tente.

La retraite ça me concerne ?
Même si c’est loin pour toi tu as forcément de la famille ou des ami.es que ça impacte à court terme, tu dois connaître des gens déjà trop cassés pour 62 ans, alors 64 ! Pour les plus pauvres, c’est une personne sur trois qui meurt avant sa retraite. Et ça ne s’arrêtera pas là : les écoles, les hôpitaux… l’agenda du gouvernement est global car il vise à rentabiliser pour le privé (assurances, mutuelles…) un système social qui fonctionne de citoyen à citoyen, ça te concerne.

La retraite, c’est tout ?
Bien sûr que non, mais pour améliorer plus largement les choses il nous faut un rapport de force, des victoires, faire reculer le gouvernement ça commence forcément par quelque chose. Là les retraites c’est tout le monde, on a rarement l’occasion d’être tous d’accord contre une réforme, c’est en ça que cette lutte est essentielle et on l’espère, historique.